Il en est de la naissance de l’agility comme de toutes choses dans
l’existence : elle est le fruit d’une rencontre. Cette rencontre a eu lieu
en Angleterre. En 1977, John Varley, membre du comité de l’exposition de la
Cruft est à la recherche d’un spectacle original
afin d’animer les temps morts du
Cruft
Show de Londres, la grande manifestation cynophile anglaise organisée par le
Kennel Club, depuis 1891. Pour la mise
au point de se projet, il contacte Peter Meanwell, cynophile d’expérience et
juge de travail. Les deux hommes élaborent les modalités de la première
démonstration d’Agility au monde ; elle a pour cadre la
Cruft de février 1978. Il s’agit d’une
course d’obstacle dont les principes s’apparentent à ceux du jumping (John
Varley
est un cavalier). Les
obstacles sont disposés de manière à former
un parcours modulable plus au moins complexe. Guidé par son maître qui
ne doit en aucun cas le toucher, ni toucher
les obstacles, le chien doit franchir tous les éléments du parcours en un laps
de temps déterminé.
Chaque faute, chaque
seconde écoulée au-delà du temps de parcours fixé en début d’épreuve, pénalise
les équipes. D’emblée, ce double impératif agilité/rapidité se révèle très
spectaculaire et suffisamment
technique pour
susciter partout en Grande Bretagne des vocations dans les clubs canins les
plus expérimentés.
Si john Varley et Peter Meanwell peuvent à juste titre être
considérés comme les créateurs de l’Agility, l’histoire de la cynophilie
retiendra certainement Peter Lewis comme étant son père spirituel. Principal
artisan de son développement en Grande Bretagne, il en sera également le plus
fervent promoteur sur le continent.
En France, il faut attendre quelques années pour que la
discipline se structure et prenne son essor. Dès 1985, K.G.le Moing organise
des stages et des démonstrations avec les élèves de l’école nationale du chien
de Saint Gervais d’Auvergne.
En 1987, la Société Central Canine charge la commission d’Utilisation
Nationale (CUN) d’une étude sur ce nouveau sport canin. A Cruft, lors d’une
rencontre avec Peter Lewis, Jean Paul Petitdidier est tout de suite séduit par
l’état d’esprit que son interlocuteur anglais lui en donne. « A cette époque la SCC était à la
recherche d’un programme d’éducation susceptible de fidéliser ses membres (du
moins ceux qui n’aspiraient pas à la compétition de haut niveau dans les
activités traditionnelles). J’ai pensé que l’Agility répondrait parfaitement à
l’attente des nombreux propriétaires qui souhaitaient simplement
donner à leur compagnon une éducation de base et passer de bon moments
avec lui ».
Jean Paul Petitdidier se met aussitôt au travail.
L’élaboration d’un règlement sera sa première préoccupation. S’inspirant du
programme anglais, mais en l’adaptant pour faire de l’agility un véritable sport canin susceptible de
compléter les disciplines de travail de la SCC, il lui fixe trois grands
objectifs :
-
Etre accessible à toute races, même les
petites ;
-
Réussir le mariage entre l’activité sportive, la
détente et l’éducation ;
-
S’ouvrir à tous les chiens avec ou sans papier.
Le projet est présenté à la commission Nationale d’Utilisation le 20
octobre 1987. Dés le 21 octobre, la SCC nomme une Sous Commission
« Agility » chargée d’élaborer un règlement définitif et d’assurer le
lancement de la nouvelle discipline en France. Le 2 décembre 1987, les
propositions de la Sous Commission et de la CUN sont approuvées par la SCC qui,
très vite (1er janvier 1988) homologue définitivement l’Agility.
Les choses vont désormais se précipiter : nomination
des premiers juges, organisation des premiers concours officiels, journée
d’information et stage de formation … Cette première année d’existence
officielle voit le succès de la discipline s’affirmer par tout en France.
A l’époque, jean Paul Petitdidier est loin de se douter du
succès considérable que va rencontrer son entreprise. Même dans ses prévisions
les plus optimistes, il ne peut imaginer qu’à peine deux ans plus tard le
nombre de pratiquants s’élèvera à près de quatre mille. Le développement
particulièrement rapide de l’Agility surprend tout le monde. « Nous étions
bien conscient, mes amis de la sous commission et moi-même, que l’Agility
allait devenir une très grande discipline, mais nous étions loin d’imaginer une
telle réussite ! » avoue aujourd’hui l’homme qui préside toujours aux
destinées de l’Agility.
En France comme en Angleterre, ce succès sera le fruit d’une
rencontre. En effet, au même moment Claude Bernard est chargé par la société
Royal Canin d’apporter son soutien à la SCC pour le lancement de l’Agility. Lui
aussi vient de découvrir ce nouveau sport à la Cruft 87 « Je me suis dit
que c’était un truc fantastique pour les gens qui aiment les chiens et qui
souhaitent les éduquer tout en faisant plaisir » se souvient-il. Lui aussi
ce met sans tarder au travail, important notamment des parcours anglais pour en
doter les clubs Français.
D’emblée Jean Paul Petitdidier et Claude Bernard se retrouve
sur la même longueur d’onde. De cette collaboration exemplaire, de ce
partenariat efficace, naît la première manifestation nationale d’Agility :
le Master France qui ce déroule à
Paris en décembre 1987. Le premier Championnat de France organisé dans le cadre
de l’exposition nationale de Longchamp suivra en juin 1988.
Par la suite, d’autre partenaire viendront rejoindre la SCC. Et
notamment le groupe Unisabi. Ce dernier aura, lui aussi beaucoup œuvré pour le
lancement de la nouvelle discipline. Sous l’impulsion de Michel Marotte, la
société Pedriree-Pal ne tard pas à créer une autre épreuve nationale ouverte à
tous les chiens (avec ou sans papier) : le slalom d’Or. Ces deux grandes marques de pet-food seront les
premières à signer la chartre « Agility » proposée par Jean Paul
Petitdidier en 1990 pour définir les modalités du partenariat de la SCC.
Dans l’histoire de
l’Agility, 1989 marque une nouvelle étape décisive. Au mois de juin, le Comité
de la Fédération Cynologique Internationale (FCI) reconnait officiellement
l’Agility et décide de créer une commission spécifique. Les pays membres sont
alors invités à nommer un délégué pour représenter au sein de cette nouvelle
instance. Les 30 septembre et 1er octobre, cette Commission se
réunit à Strasbourg pour élaborer le « Règlement Agility de la FCI »,
uniformiser les critères de jugement et les caractéristique des obstacles. Deux
jours suffiront : une véritable performance !
Dès novembre, le nouveau règlement est présenté au
Comité de la FCI qui l’approuve et le fait traduire en allemand et en anglais.
Bien qu’il ne soit utilisé au niveau international qu’en 1991, la France décide
de l’appliquer à partir de juin 90.
Cette reconnaissance, au plan international, par la plus
haute instance de la cynophilie apporte incontestablement à l’Agility une
véritable consécration de nature à lui ouvrir de nouvelles perspectives. Elle
permet notamment aux « Agilistes » européens de se rencontrer et de
se connaître.
L’élection de Jean Paul Petitdidier à la présidence de la
Commission Agility de la FCI doit être considérée comme une reconnaissance
implicite du savoir-faire français. Avec un nombre élevé de concours, de
pratique et de clubs, la France a fait preuve de dynamisme. L’efficacité de ses
structures nationales l’ont rendue crédible.
L’Agility est désormais une discipline mondiale ! A l’heure
actuelle, trente cinq pays pratique ce sport canin : l’Allemagne,
L’Autriche, la Belgique , le Danemark, l’Espagne, la Finlande, La France, la
Hollande, l’Italie, Monaco, la Suède, la Suisse, le Luxembourg, Japon, les pays
de l’Est, l’Afrique du Nord, l’Amérique du sud …
En 1992, la SCC crée la Commission Nationale d’Education et
d’Agility dont Jean Paul Petitdidier assure toujours la présidence, secondée
par Jean Pierre Garcia. Grâce à un bureau dynamique, ses activités se
développent sans cesse : informatisation des concours, création d’une
licence d’Agility… Avec les « tests d’aptitude à l’éducation sociale du
chien », l’Agility s’affirme comme le principal moyen de communication de
la cynophilie pour faire cohabiter les propriétaires de chiens et tous ceux qui
n’en possède pas (ou pas encore). En vantant les mérites d’une éducation de
qualité, l’Agility confirme son rôle social qui consiste à promouvoir un chien
respectueux de son
environnement et respecté en tant que meilleur ami de l’homme.
C’est à une véritable explosion, unique dans les annales du
sport canin, que nous avons pu assister. Aujourd’hui plus de dix mille chiens
(cent vingt races différentes) pratiquent l’Agility dans plus de trois cents
clubs répartis sur la totalité du territoire français ; et trois mille
concurrents s’affrontent amicalement chaque année à l’occasion de plus de trois
cents concours !
En fait, l’Agility est le moteur d’une véritable démocratisation
du sport canin. Sur les parcours, bâtard et aristocrates des expositions de
beauté, gardiens intimidants et gentil toutous de compagnie se côtoient, sans
mépris, ni jalousie. Quand aux maîtres, de l’épreuve pour débutants à celle des
vétérans, l’âge ne constitue pas un obstacle. Les relais concrétisent les associations les
plus surprenantes, parfois les plus cocasses. Car, si l’Agility est un sport, elle doit rester
un loisir, une occasion de détente pour le chien et le maître.
Le fait le plus marquant de la courte histoire de l’Agility,
c’est que son succès aura été parfaitement maîtrisé. Tous les passionnés,
responsables nationaux et régionaux, juges, organisateurs de concours,
concurrents… s’accordent à penser qu’il y a un véritable état d’esprit
« Agility ». Les concours et démonstrations sont l’occasion de
véritable fêtes, échanges, de relation amicales. On peut, bien sûr, considérer
que cette convivialité n’est qu’un trait de jeunesses. Ce serait méconnaitre
cette activité qui ne laisse aucune place à l’agressivité, qui développe la
part du jeu, de la détente et du loisir.
En sera-t-il toujours de même ? Les enjeux ne risquent-ils pas
de devenir, dans un proche avenir, trop importants et de dénaturer cet état
d’esprit si particulier ? La réussite ne risque-t-elle pas de déboucher
sur l’élitisme, voire le professionnalisme et le vedettariat ? Jean Paul
Petitdidier est résolument optimiste
« L’Agility sera ce que nous en ferons ! Cette discipline appartient
à tous ceux qui la pratique et qui la servent » Nous sommes tous, à divers
titres, responsable de son avenir ! La commission Nationale d’Education et
d’Agility veillera à maintenir l’état d’esprit qui caractérise ce sport et usera de son autorité pour éviter tout
dérapage.
L’Agility est un sport de masse ; gardons-lui sa
spécificité de « Jeu éducatif » et nous ne risquerons ni l’élitisme,
ni le vedettariat qui se trouveront très
vite isolés et noyés dans la masse.
L’Agility est une activité sérieuse que l’on doit pratiquer
sans ce prendre au sérieux !